Comment l’Aurar s’est organisée face à la crise sanitaire
Application stricte des gestes barrières, déploiement massif des équipements de protection, réorganisation de l’accueil et de la prise en charge des patients pour limiter les risques de contamination. Bilan des actions menées à l’Aurar pour prévenir la pandémie du Covid-19.
Anticipation, adaptation, accompagnement. Trois mots d’ordre qui ont guidé les actions de l’établissement durant cette période d’urgence sanitaire. Dès la fin du mois de février, quinze jours avant le début du confinement, l’Aurar a déclenché ses premières cellules de crise afin d’organiser les mesures de protection en faveur des patients et des personnels. Des mesures renforcées par rapport aux recommandations ministérielles, au regard de la fragilité du public accueilli en dialyse.
« Notre priorité a été d’assurer la continuité des soins pour nos patients tout en préservant les ressources humaines. C’est pourquoi nous n’avons pas attendu le début de la crise sanitaire pour nous réorganiser », analyse Philippe Vial, le directeur d’exploitation, qui a coordonné les cellules de crise quotidiennes Aurar et participé aux cellules de crise régionales organisées par l’Agence régionale de Santé avec les directions d’établissements sanitaires et médico-sociaux.
La bonne gestion des ressources matérielles
Rapidement, l’établissement a été en mesure de fournir un masque chirurgical à chaque patient, pour toute la durée de la dialyse, jusqu’au retour à domicile. La distribution massive de masques – 30 000 par mois au lieu de 10 000 habituellement – a été anticipée par la pharmacie à usage intérieur, en charge des commandes et des livraisons de tous les équipements et matériels de soins. « Dès le mois de janvier, alors que l’on commençait à parler des conséquences de l’épidémie en Chine, nous avons renouvelé nos stocks de masques chirurgicaux et FFP2. A l’époque, il nous fallait déjà gérer les conséquences du blocage des ports maritimes », se souvient Nicolas Cazali, pharmacien gérant. A partir de mi-avril, avec l’approvisionnement de 10 000 masques chaque quinzaine, par l’ARS, l’Aurar a décidé de fournir un second masque à ses patients, pour sécuriser le prochain trajet entre le domicile et le centre de dialyse.
Les personnels ont été très volontaires et fait preuve de pédagogie
Bilan : aucune rupture d’approvisionnement sur les masques et autres équipements de protection individuels utilisés lors de soins (blouse, tablier, gants, lunettes, visière, etc). De quoi rassurer les équipes dans un contexte tendu. « La bonne gestion de nos ressources matérielles en terme d’EPI a été un enjeu majeur dans le dispositif de sécurisation et de transformation des organisations », souligne Albert Genisson, le directeur des soins.
Cette sécurisation collective s’est traduite par la production de quelque 70 documents (protocoles, affiches, vidéos) visant à indiquer les précautions standard d’hygiène. Aux personnels, aux patients, mais aussi aux transporteurs et à tous les prestataires qui interviennent dans les unités de soins. Cet important travail de prévention a été coordonné par le service qualité, l’équipe opérationnelle d’hygiène, en lien avec les cadres de soins.
De la théorie à la pratique, l’équipe EOH a multiplié les interventions sur le terrain afin d’accompagner la mise en œuvre de ces nouvelles procédures. « Cette coordination était essentielle pour rassurer les équipes et alléger la charge émotionnelle dans ce contexte de crise », note Albert Genisson. En particulier au moment d’installer les unités de dépistage « Covid possible ou suspect ». Des SAS isolés, dédiés à la prise en charge des patients présentant des signes cliniques de la maladie.
En trois mois, au total, une trentaine de patients ont été dépistés à titre préventif. Les résultats se sont tous révélés négatifs. En cas test positif, ils auraient été transférés vers le CHU. « Nous nous étions préparés au pire, le pire n’est pas arrivé. Tant mieux, observe le Dr José Guiserix, président de la Commission médicale d’établissement (CME). Les patients, conscients de leur fragilité particulière, ont été très responsables dans l’application des gestes barrière ». Philippe Vial ajoute : « Les personnels aussi ont été très volontaires et fait preuve de pédagogie pour expliquer l’intérêt des nouvelles mesures ».
Afin de prévenir tout risque de contamination sur ses sites, l’Aurar en effet a largement adapté son organisation : port du masque pour tous, accueil individualisé des patients, horaire de séance décalée, restriction des accès dans les unités de soins, évaluation systématique de l’état de santé avant chaque dialyse, isolement en cas de doute, etc. Les représentants d’usagers saluent « la rigueur de ces mesures, le respect de leur mise en œuvre sur l’ensemble des sites, que ce soit en dialyse et à la Clinique Oméga ».
Face à l’évolution encore incertaine du risque sanitaire, la mobilisation collective demeure. « Même si nos protocoles sont désormais éprouvés, on n’en a pas fini avec le risque, tempère Philippe Vial. Chaque professionnel, chaque patient doit rester vigilant et continuer à appliquer les mesures de prévention ».
EN BREF
Une gestion stricte du confinement. Au niveau des ressources humaines, toutes les mesures ont été prises pour assurer de manière nominative la protection des personnels revenus de congés et éviter ainsi toute reprise du travail anticipée. Dans les effectifs soignants, les confinements imposés ont été appliqués de manière stricte. Idem pour les personnels administratifs et techniques, avec la mise en œuvre de télétravail lorsque cela était possible.
Esprit de solidarité. Besoin de compenser l’absence d’un collègue au pied levé ? Nécessité de renoncer à des congés pour prêter main forte à un service en tension ? Les exemples de solidarité se sont multipliés pour permettre la continuité des soins durant ce confinement.
Continuité de service. Durant le confinement, les néphrologues de l’Aurar ont maintenu les consultations externes, pour des besoins prioritaires. Les intervenants sociaux (assistantes sociales, psychologues) ont également assuré un suivi à distance auprès des dialysés qui en faisaient la demande.
Innovation. En interne, cette crise sans précédent a permis à l’Aurar d’innover dans les modes de travail (audio, visio-conférence, suivi à distance des patients) avec de nouveaux outils qui permettant de garder le lien.
Coordination médicale. La communauté médicale de l’Aurar a pris part à la collaboration régionale pour la stratégie de prise en charge d’un éventuel afflux de patients dialysés, transplantés et insuffisants rénaux chroniques positifs au Covid. Les médecins référents de territoire étaient en lien régulier avec le professeur Henri Vaché-Coponat, chef du service néphrologie au CHU. « Le travail en amont a été anticipé, mais nous n’avons finalement pas pu mettre à l’épreuve le dispositif. Tant mieux pour tous », commente le Dr José Guiserix.
L’efficacité des dépistages. L’Aurar salue la collaboration avec les laboratoires d’analyse (Cerballiance, BioAustral, Réunilab, LABM de Saint-Benoît), qui a permis d’effectuer des tests PCR sur site, ou en ambulatoire, pour chaque patient qui présentait des signes cliniques. Entre le prélèvement et les résultats, il fallait compter généralement de 24 heures à 48 heures.