INNOVATION AU POLE NEPHROLOGIQUE SUD
Le traitement des plaies par la rhéophérèse
Des patients du Pôle néphrologique Sud sont traités par rhéopherèse afin d’améliorer la cicatrisation de leurs plaies et réduire les douleurs. Explications de la technique par le Docteur Asma Allal.
Dr Allal, en quoi consiste cette technique de soins appelée rhéophérèse ?
Cette technique va intéresser des patients qui souffrent de plaies persistantes et douloureuses pouvant aller jusqu’à l’amputation. On parle plus précisément d’une technique de plasmaphérèse qui consiste à modifier les phénomènes physiopathologies pouvant être à l’origine des complications. Il s’agit tout d’abord de séparer le plasma des cellules sanguines via un filtre installé dans un moniteur. Le plasma est ensuite acheminé vers un 2e filtre, par le biais d’une pompe, pour épurer les molécules indésirables et améliorer ainsi la micro-circulation du sang.
Le Docteur Asma Allal.
Premières séances de rhéophérèse au Pôle néphrologique Sud. Ce traitement vise à activer la cicatrisation des plaies et réduire la douleur.
Le traitement peut être simultané à la séance de dialyse ?
Effectivement. Et c’est tout l’intérêt puisque rien ne change pour le patient. Ce traitement a lieu pendant les deux premières heures de dialyse. En moyenne, le programme rhéophérèse s’étend sur 28 séances, soit une période totale d’environ 6 mois. Bien évidemment, le programme peut être modulé selon l’évolution du patient.
Quels sont les bienfaits attendus pour les patients ?
Diminuer la douleur, activer la cicatrisation, et le cas échéant, réduire l’amplitude de l’amputation si l’indication est portée. Ces améliorations concernant les artérites distales mais aussi les lésions de calciphylaxie, maladie rare qui touche particulièrement les personnes dialysées et provoque des plaies graves et douloureuses.
Pour l’Aurar, cette nouvelle offre de soins est-elle une innovation ?
Oui. Je le crois. Ce projet médical était en réflexion depuis quelques temps et la perspective de le mettre en œuvre m’a motivé à rejoindre l’établissement. Les patients de l’Aurar sont globalement beaucoup plus jeunes que la moyenne des dialysés en métropole, nombre d’entre eux sont concernés par un diabète et des complications associés. D’où l’importance de mettre en place un traitement précoce qui offre des résultats positifs. Pour les équipes de l’Aurar, la rhéophèrese est aussi un challenge synonyme de fierté. Nous commençons ce mois-ci à Saint-Pierre et je souhaite que le traitement soit déployé bientôt sur d’autres centres.
Le plasma extrait est traité par un filtre secondaire avant d’être restitué au patient. Cette double filtration a lieu pendant les deux premières heures de la dialyse
Au chevet du patient
Les infirmiers du PNS ont bénéficié d’une formation théorique et pratique auprès du Docteur Allal et d’une formatrice de la société Héma.T Médical, qui développe les techniques de plasmaphérèse. Au programme de cette formation : montage de la machine, explications techniques, surveillance des paramètres, traçabilité des dispositifs médicaux à chaque séance, etc.
Premiers retours d’expérience ? « La rhéophérèse demande une surveillance renforcée au chevet du patient, en raison de ses complications, témoignent Corentin Gigan et Leïma Baijou Dika. Sur les premières séances, nous avons déjà constaté une réduction de la douleur des membres inférieurs chez un patient. Il faudra plus de recul pour évaluer les effets à long terme ».
Origines
La découverte de la plasmaphèrese date de plus d’un siècle. Les premiers traitements de l’hyperviscosité du sang chez l’humain remontent aux années 60. « Progressivement, on a commencé à traiter le Good pasture, maladie auto-immune à l’origine d’insuffisance rénale aïgue puis le syndrome Guillain-Baré neuropathie grave », détaille le Dr Allal. « En néphrologie, poursuit le médecin, la plasmaphérèse thérapeutique est utilisée pour désimuniser les patients en vue d’une greffe rénale donneur vivant qui ont une incompatibilité avec leur donneur».
Lexique
La plasmaphérèse consiste à moduler la composition du plasma.
La rhéophérèse permet de traiter le plasma du patient en facilitant l’oxygénéisation périphérique des tissus.
La calcyphilaxie est une maladie rare qui touche les insuffisants rénaux chroniques. Elle se traduit par une micro-calcification des capillaires qui entrave la circulation du flux sanguin et provoque des ulcérations très douloureuses.