Entretien avec le Dr Guiserix

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« Une maladie qui reste longtemps silencieuse »

Comment prévenir l’apparition des maladies rénales ? Comment peut-on freiner ou retarder la mise en dialyse ? Les réponses du Docteur José Guiserix, néphrologue à l’Aurar.  

Quels sont les différents stades d’une maladie rénale chronique?

Au stade 1, le rein est malade mais fonctionne normalement.

Au stade 2, le fonctionnement des reins commence à diminuer, reste supérieur à 60% de la normale, sans conséquence.

Au stade 3, le fonctionnement est réduit mais reste de plus de 30%, il n’y a toujours aucun symptôme.

Au stade 4, entre 15 et 30% des conséquences apparaissent progressivement, une dégradation brutale peut survenir ce qui nécessite une information pour la prévenir.

Au stade 5, à moins de 15% de fonctionnement, il faut envisager de remplacer les reins défaillants pour éviter des complications graves.

La dialyse débute en moyenne vers 6% de fonction rénale résiduelle car l’état du malade se dégrade.

Le Dr José Guiserix : « On a besoin d’examens complémentaires de sang et d’urine ou échographiques pour détecter l’insuffisance rénale »

Qu’est-ce qui détermine l’orientation des patients vers ce parcours de soins maladies rénales chroniques ?

L’Etat propose depuis octobre 2019 aux personnes dont le fonctionnement rénal est de moins de 30%, de bénéficier gratuitement d’une information et d’une éducation sur leur maladie, de manière à leur apprendre à retarder l’aggravation de leur maladie et éviter la survenue de conséquences graves. C’est le médecin néphrologue qui prend l’initiative d’inclure les patients dans cette démarche qui mobilise une infirmière spécialisée et une diététicienne.

« Cette évolution n’est pas inéluctable »

 

Y a-t-il des signes cliniques qui peuvent nous alerter sur une dégradation de la fonction rénale ?

L’insuffisance rénale est longtemps très silencieuse, comme beaucoup de maladies chroniques (Diabète, Hypertension Artérielle), jusqu’à un stade trop avancé. On a besoin d’examens complémentaires de sang et d’urine ou échographiques pour la détecter. Les différentes causes de maladie rénale peuvent provoquer des difficultés à uriner normalement (devoir se lever la nuit plusieurs fois), des douleurs parfois violentes (calculs urinaires), des jambes enflées le soir ou des paupières gonflées le matin. Au stade de la dialyse, les malades se plaignent d’essoufflement, de fatigue et de difficultés à se déplacer, perte d’appétit, perte de mémoire, mauvais sommeil, confusion puis coma.

 

Comment peut-on freiner ou retarder une mise en dialyse ?

Cette évolution n’est pas inéluctable, on peut l’empêcher ou au moins la retarder en dépistant et en soignant les causes de la maladie rénale comme le diabète et l’hypertension artérielle, deux maladies familiales faciles à identifier, en adoptant une hygiène de vie et une alimentation en fonction des différents stades de la maladie et de son retentissement, et des goûts de chacun. Ce programme nécessite donc une individualisation et une personnalisation de la prise en charge pour être efficace.

L’équilibre de la tension artérielle, en la surveillant soi-même (le matin trois fois par semaine), est un élément essentiel du suivi car il reflète mieux la réalité, et fait du patient un acteur de sa maladie.